Civilisations passées : pourquoi nous ne vivons pas dans l’empire romain ?
En occident, il y a de plus en plus de pauvres et de sans-abris, mais c’est surtout un effet pervers de notre société. Comment s’imaginer un effondrement alors que les étals des supermarchés regorgent de richesses et que notre société gâche comme jamais ? Baignés dans un contexte de richesses matérielles, de technologies et d’énergie bon marché, il est difficile de s’imaginer la société s’effondrer. Ne sommes-nous pas dans une dynamique de progrès ? Chaque couche de compléxité et de modernité est-elle un rempart ou l’illusion d’un rempart de plus contre le chaos ?
Joseph Tainter et les civilisations complexes
L’homme a toujours surmonté les obstacles grâce à ses innovations, pourquoi en serait-ce autrement ?
Notre imaginaire voit qu’il y a tant de marge, tant de remparts que l’effondrement n’est pas pour demain.
Oui mais…. à y regarder de plus près… tout n’est pas si rose. Méditons par exemple sur quelques faits :
- Après une hausse significative du prix du pétrole, le système financier mondial à vacillé en 2008 à cause des pauvres suburbains des USA qui ne pouvaient plus honorer leurs crédits immobiliers. C’est finalement un maillon assez faible et anodin qui a lâché et qui précipite le système dans des réactions en chaines. Tout cela montre la fragilité de notre système.
- A l’échelle de l’humanité, notre relative période de bien-être et de confort est plus que relative : si nous sommes quarantenaire en 2018, la plupart de nos grands parents sont nés dans des foyers sans électricité. L’abondance énergétique dans laquelle nous baignons est un feu de paille qui touche quelques générations.
Que peut-on apprendre des civilisations passées ? Finalement, pour quoi les mayas, l’empire Romain, les pharaons n’existent plus ? Ces sociétés semblaient pourtant dominer leur époque. Ils et elles pensaient certainement être solides.
Joseph Tainter est un Anthropologue américain, ses travaux ont étudié une quinzaine de civilisations passées qui se sont effondrées. Il a étudié notamment leur rapport aux ressources naturelles. Le maque de ressources pour pourvoir au fonctionnement de ces sociétés semble être le point commun.
La thèse de Joseph Tainter est que les sociétés qui croissent ont tendance à se compléxifier, ce qui a un coût métabolique en énergie de plus en plus important pour un apport de plus en plus faible. Nous ne le percevons pas car il y a un surplus d’energie pour couvrir ce coût.
“Puisque nous trouvons rapidement des manières de l’utiliser, les phases d’énergie excédentaire dans nos sociétés tendent à êtres rares et courtes. Elles sont si rares que nous les désignons avec des noms comme « révolution agricole » ou « révolution industrielle ». Un jour des gens regarderont en arrière l’ère des combustibles fossiles et réaliseront à quel point elle était courte.”
“Dans tous les cas, la plupart ne croient pas qu’un effondrement est susceptible d’arriver, et ne se prépareront donc pas. La part de l’avenir qui est peut-être la plus difficile pour nous à accepter est qu’elle est hors de notre contrôle. Le futur va nous apparaître que nous le voulions ou non, que nous soyons préparés ou non. Nous sommes tous soumis aux lois de la physique, aux lois de l’économie, aux structures de l’histoire et à notre propre nature. Celles-ci sont immuables.”
Interview de Joseph Tainter par Ladecroissance.net – octobre 2013 – lien vers l’itw
Quand l’énergie vient à manquer la société se décomplexifie, ce qui signifie pour l’auteur l’effondrement. Nous pouvons faire le parallèle avec la définition de l’effondrement de Yves Cochet, qui parle de services essentiels fournis ou encadrés par l’état qui ne le sont plus.
Quel avenir est-il possible d’envisager ?
Laurent Testot : une histoire de l’homme à nous faire douter
L’histoire de l’homme et de ses rapports avec son environnement nous enseigne beaucoup de choses et nous éclaire en ces temps troublés.
Prendre du recul, tirer les leçons d’un passé qui est loin d’être linéaire, Le livre “Cataclysmes” est une grande fresque qui nous montre que l’homme, la famille Homo même, maltraite la planète depuis son apparition. Nous sommes loin de ne jamais avoir eu de retour de bâton. On peut même dire que les rétroactions Environnement > Homo , via épuisement des ressources, maladies et même changements climatiques ont été notre pain quotidien depuis des centaines de milliers d’années.